Philipe Meirieu: pétition pour des gestes civiques sans ambiguités
----- Original Message -----From: gérard dupuisTo: goutelle lionelSent: Thursday, April 27, 2006 3:49 PMSubject: un geste militant fort sans ambiguïté
PHILLIPE MEIRIEU : PETITION POUR DES GESTES CIVIQUES SANS AMBIGUITES
En tant que citoyen (et à fortiori d’enseignant, ou à fortiori au degré deux, d’enseignant d’enseignants !) n’êtes vous pas comme moi fortement irrités de ne pas disposer d’instruments, de preuves incontestables vous permettant de différencier clairement vrais et faux engagements citoyens (car il est pour le moins curieux qu’avec autant de personnes militant pour un monde meilleur, et si peu militant à visage découvert pour un monde injuste, les injustices sociales ne se soient jamais portées aussi bien dans l’histoire humaine et ne cessent de croître. C’est bien là la preuve que certains, par double jeu, arrivent à cet exploit paradoxal de faire -ou de laisser faire- progresser les injustices sociales tout en proclamant vouloir l’inverse) ? Que ce soit pour prouver la véracité de notre propre engagement ou y voir plus clair dans celui des autres, nous en sommes souvent réduits à croire les autres sur parole et à proclamer verbalement le nôtre. Pour faire avancer les choses, il nous faut donc inventer des techniques de " démasquage " des vrais et faux engagements citoyens. Par la présente pétition, je voudrais à la fois prouver la sincérité de mon propre engagement, mais aussi vous donner une occasion " en or " de prouver le vôtre. Il est en effet évident que ceux qui ne signeront pas cette pétition, qu’ils le reconnaissent ou non, prouveront à contrario qu’ils n’ont pas le courage civique qui sied " par définition " à leur position de citoyen, ou à fortiori de prof. Je vous demande d’ailleurs de noter autant (et surtout) le nom de ceux qui ne la signeront pas que de ceux qui la signeront (ou même de ne pas hésiter à apposer de fausses signatures de gens dont vous doutez de la sincérité. Cela pour mieux les obliger à démentir, et à donner par eux-mêmes les preuves de leur incivisme. En effet, quand les temps de " repentance " seront là, ce genre de document (qu’il nous faudra archiver) tiendra lieu de preuve pour montrer qui a accéléré, ou au contraire qui s’est opposé à la monté de la catastrophe finale qui se profile à l’horizon: légitimation complète de la malhonnêteté et de la force, fût-elle dénommée " liberté des marchés "). Cette attitude de courage civique " en actes " offrira aussi l’avantage (non négligeable par les temps qui courent !) de convaincre les gamins des banlieues " difficiles " (si souvent incrédules devant nos proclamations " républicaines ") que pour une fois, les enseignants (grand pourvoyeurs de " leçons " qu’on ne voit jamais à l’œuvre) sont capables de se battre et de prendre des risques concrets pour le respect des valeurs qu’ils disent être les leurs.
Mais quels sont donc ces évènements (parmis d'autres) qui ont sapé si profondément les fondements de notre éducation civique sans provoquer aucune réaction digne de ce nom, spécialement du corps enseignant d’ailleurs, qui, dans un état normal de ses défenses " démocratiques ", aurait du se lever comme un seul homme devant ceux-ci (mais il n’est jamais trop tard, et je leur donne une occasion de se rattraper) ?
Je fais allusion, bien évidemment, à la sous condamnation d’Alain Juppé dans notre pays. Comment ne pas voir que cette sous condamnation (quand on pense qu’il louait à son fils pour un franc symbolique un appartement immense en plein Paris. Il a bon dos le " financement des partis ") jette un discrédit irrémédiable sur la réalité de nos principes républicains (d’ailleurs cette sous-condamnation me semble tellement grosse que je me demande parfois si ce n’était pas un " test " intentionnellement inventé pour mesurer empiriquement le degré de civisme réel de la société française). Comment nos élèves " difficiles ", parfois tentés par la délinquance ouverte, peuvent-ils prendre au sérieux nos leçons d’éducation civique si nous laissons ce genre d’injustice flagrante exister (dans aucune démocratie européenne une corruption si flagrante passerait aussi facilement. Voilà un " retard " que nos dirigeants se gardent bien de combler).
Le deuxième événement anormal auquel je fais bien allusion est bien naturellement la conférence donnée par le patronat à de jeunes enseignants dans un I.U.F.M de province, dont par pudeur, je tairai le nom (j’ai moi même été directeur d’I.U.F.M, et je sais le discrédit que pourrait jeté une telle révélation sur ceux qui ont laissé faire ça). Comment peut-on imaginer que les enseignants français, dignes successeurs des " hussards noirs " de la république, et défenseurs naturels des valeurs de " liberté, égalité, fraternité ", pourraient accepter de se laisser coloniser par les " anti-valeurs sociales " du patronat (une catégorie " sociale " qui déjà à la fin du XIX siècle cherchait à prouver que le travail des enfants en usine était une bonne chose pour l’économie ! et une catégorie " sociale " qui, de nouveau aujourd’hui, demande la destruction des protections sociales les plus élémentaires, dénommées désormais par elle " archaïques ", alors que nos aïeux ont souvent donné leur vie pour elles) ? Ce dont la société française a besoin pour se porter mieux aujourd’hui, ce n’est pas d’une entrée des anti-valeurs de l’entreprise dans l’école, mais bien au contraire d’une sortie agressive des valeurs de l’école dans l’entreprise ! Il est clair que " l’école n’est pas une entreprise ", et qu’il faut non seulement protéger, mais accroître l’autonomie de l’école comme institution libre et rebelle en face des " entreprises ". Il est particulièrement malhonnête et grave de croire, et de faire croire que le patronat, loup qu’il a toujours fallut combattre tout au long de l’histoire pour faire régner un peu d’humanité dans ce monde, serait devenu un " agneau " et s’introduirait en toute innocence dans la bergerie des écoles, fusse à petits pas et par sponsoring généreux interposés, sans rien attendre en retour. Ce que le patronat vise, même si à long terme, en s’introduisant dans les écoles, c’est à tuer la résistance civique dont les écoles peuvent être encore le (dernier ?) lieu en face de la pseudo " liberté des marchés ". Honnorez vous donc et signez cet acte de résistance. Vos enfants vous implorent et vous jugent. Et archivez les preuves de votre honnêteté. Un jour…..
Je demande la révision du procès Juppé, et je demande l’expulsion des entreprises des écoles et des I.U.F.M
NOM PRENOM METIER VILLE /ETABLISSEMENT COMMENTAIRE
Meirieu Philipe Pédagogue Lyon/ IUFM les doubles jeux sont terminés
Dupuis Gérard prof d'histoire/Bretagne il faut réhabiliter la pétition comme geste d'engagement et de résistance
Goutelle Lionel instit/ Marseille Je me remets à y croire........