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Publié par Goutelle Lionel

Lettre aux amis d’Israël, en particulier les journalistes.

 

 

Chers amis. En ces temps troubles, il est peut être difficile pour vous d’argumenter pour prendre notre parti. Et cela que ce soit dans les conversations ordinaires, ou pire, dans les médias. Nous comprenons bien la difficulté d’un tel exercice. A priori, Il peut vous sembler difficile de prendre parti pour un pays qui fait trois fois plus de morts que son agresseur, qui ne respecte pas le droit international depuis cinquante ans, etc... Bref, pour « faire passer des vessies pour des lanternes » comme on dit en français, et la partie peut vous sembler perdue d’avance.
Pourtant rien n’est joué. Et avec un peu d’habileté et de vice, on peut arriver à « noyer le poisson dans l’eau » comme on dit en français et même pour certains esprits simples, à littéralement inverser les causes et les effets. Et si tout cela ne suffit pas, et que quelques esprits libres et courageux persistent à garder raison dans la tourmente, on peut compter sur la terreur morale qu’on aura installé et surtout le concours d’intellectuels demi-débiles (pardon lapsus : demi-habiles) ou d’artistes se plaçant toujours du côté des plus forts pour les faire plier, ou du moins les rendre pestiférés et inaudibles. Mais venons-en à celles-ci.
Première technique évidente : noyer ceux que vous voulez convaincre ou qui vous contredisent sous un flot d’images de violence sur les israéliens, que ce soit en temps de reportage ou en degré de sauvagerie des images montrées. Parallèlement (d’ailleurs notre armée veille quand elle détruit à tout raser autour, de telle sorte qu’il est quasiment impossible d’en faire) ne pas passer d’images (ou en tout cas beaucoup moins) concernant notre violence sur les palestiniens. Si vous tenez à garder une image d’honnêteté et de neutralité, contentez vous de citer des statistiques. Certes, elles nous sont défavorables (et nous travaillons sur ce problème). Mais non accompagnées d’ images affectant les spectateurs, elles tombent dans l’oubli. Car autant une image de violence bien médiatisée marque, autant une statistique en chiffre passe. Croyez en notre expérience.
Deuxième technique : Le choix des mots. Il faut aussi qu’ils soient aussi frappants que les images et accentuent la réaction affective plutôt que le calme et la réflexion (n’oubliez pas que le but final est sur le moyen-long terme de culpabiliser qui aura recours à la recherche des causes du problème : tout doit devenir et rester réaction affective devant l’horreur parfois infligée par ceux qui résistent à notre occupation et jamais causes géo politiques du problème. Sur ce terrain, s’il est vraiment pris au sérieux, à tout coup nous perdons. Faire tout pour surtout ne pas y aller : tel doit être votre ligne de conduite) .

Par exemple pourquoi parler de terrorisme plutôt que de crime de guerre (alors que franchement c’est du pareil au même du point de vue de l’horreur, de la culpabilité de l’agresseur et de la punition qu’on peut lui infliger) . Le mot terrorisme, contrairement à celui de crime de guerre, comme le dit si bien Lordon sur son blog, a cette vertu de dépolitiser la question. Le terroriste n’est qu’un animal sauvage (encore qu’il est peu d’animaux même « sauvages » qui ne soient violents sans nécessité vitale ; la comparaison est fallacieuse à vrai dire), le terroriste dans l’imaginaire collectif est un animal sauvage dénué de toute raison et tout entier habité par sa sauvagerie. Tout ce qu’il invoque est donc par principe faux et inécoutable. Et si dans son argumentaire, il dit des choses vraies, et bien le fait de le voir comme un terroriste vous autorise à ne même pas les prendre en compte. Mieux : par une stratégie de contamination fallacieuse et d’amalgame vicieux, vous pouvez tenir le « raisonnement » suivant  devant ceux qui invoquent le droit international. « vous invoquez le droit international, le HAMAS invoque aussi le droit international, vous êtes donc un soutien du HAMAS ». Et le tour est joué. Nous insistons : la ligne de votre conduite doit toujours être de rabattre constamment le problème sur la condamnation morale sans suite et non pas sur les origines géo politiques et historiques du problème. D’ailleurs répétez inlassablement « est-ce que vous condamnez ? ». Généralement cette injonction paralyse votre interlocuteur et aucun n’a le propos de répondre « c’est vous qui ne condamnez pas en interdisant d’aller sur le terrain des causes de la violence qui n’est pas tombée du ciel ».
Troisième technique : la diversion déstabilisante et déplacée.
Nous insistons : Ce qui nous intéresse c’est la paralysie et la non évolution du problème. Si par exemple votre interlocuteur invoque L’ukraine, pays pour lequel on n’a pas hésité à partir en guerre contre son envahisseur justement au nom du droit international que nous refusons d’appliquer pour les palestiniens, rabattez tout de suite la question sur la violence de Poutine et de son armée. Et dites qu’au fond partout l’occident lutte contre la violence terroriste.
Si en désespoir de cause, vous tombez sur un interlocuteur logique et qui connaît l’histoire du conflit et ne s’en laisse pas compter (style Alain Gresh. Et si vous l’invitez, veillez à ce que sa prise de parole soit coupée et massacrée) concluez au moins en disant que finalement il y a de la violence partout et que cela est bien triste. Toujours les sentiments et la morale ostentatoirement mise en scène ; Mais surtout jamais de logique dans les raisonnements et d’histoire du conflit. Il faut absolument surestimer la violence de nos opposants et sous estimer la notre, ne jamais faire allusion au contexte socio-historique qui pourrait nous faire apparaître, par notre politique de non reconnaissance des droits élémentaires du peuple palestinien, comme recherchant intentionnellement le conflit et la « solution » militaire au problème, terrain sur lequel nous sommes largement en position de force.
Merci d’avance pour respecter cette ligne de conduite….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 







 

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