Pourquoi nous détestons (avec raison) Léa Salamé...
Pourquoi nous détestons (avec raison) Léa Salamé...
Léa Salamé est un archétype presque pur de ce journalisme malhonnête que je voudrais « énoncer-dénoncer » ici, chien de garde de la domination de l’occident dans les relations internationales, et de la domination de l’oligarchie bourgeoise à laquelle elle appartient en France. Elle ne peut pas nier qu’elle en est d’ailleurs un membre évident : de par ses revenus bien sûr, le milieu social qui est le sien, ses études, son mode de vie, etc.
Mais surtout, car on ne peut faire perdurer ce genre de privilèges sans produire un discours écran qui enrobe cette domination sous des oripeaux plus présentables (car l’objectivation de ces privilèges « nus », comme le ferait un regard sociologique primaire, n’éclairerait pas la question du comment une telle domination peut durer, car elle serait immédiatement perçue comme insupportable), mais surtout donc, comme journaliste elle manie de façon experte il faut le reconnaître, ce discours à la fois bouclier des privilèges de l’oligarchie qui est la sienne, et offensif et destructeur envers ceux qui veulent abolir la domination dont elle est un rouage stratégique essentiel et dont elle participe et profite. Dans les lignes suivantes nous allons tenter d’esquisser une courte analyse (à approfondir) de ce discours dont la raison et le moteur principal, quoi que (mal) masqué, est de décourager et de transformer ceux qui veulent un monde plus juste, à la fois internationalement et nationalement, en gens immoraux, inhumains et incompétents.
Première technique insupportable et déjà prouvée maintes fois (et s’il en était besoin notamment par Pauline Perrenot ici https://www.acrimed.org/Gauche-inaudible-pour-Lea-Salame-la-fin-justifie) Déformer les propos d’un adversaire politique qu’on veut fustiger pour ensuite attaquer la caricature déformée qu’on en a faite, et laisser croire à l’auditeur que ces propos déformés reflètent la pensée de celui-ci ( Mélanchon et la formation LFI sont les cibles privilégiées de cette forme de malhonnêteté cf là aussi acrimed : https://www.acrimed.org/Conflit-israelo-palestinien-calomnies-mediatiques)
Deuxième technique à ma connaissance peu dite et surtout largement et trop acceptée par l’interlocuteur (car en plus elle le rend inaudible pour l’auditeur !) , le coupage brutal et répété de parole couplée avec une réorientation de ses propos sur une autre question que celle qu’il est en train d’essayer de développer (peut être l’association acrimed pourrait elle créer un indicateur objectif et mesurable de cette technique). Pratiquée à haute dose, cette technique rend très difficile et parfois impossible pour l’interlocuteur de garder le fil de son raisonnement. Et c’est bien le but que de noyer sa vision des choses et de la rendre inaudible et incompréhensible pour l’auditeur (cf Ruffin ou à fortiori Mélanchon, Penot et tant d’autres sur France Inter.A signaler dans cet art hypocrite d’autres « artistes très performants » comme Nathalie Saint Crique).
troisième technique : la plus pratiquée dans le conflit du Moyen Orient actuellement ou le soutien à l’occupant israëlien des médias français est (et sera sans doutes toujours) très prononcé (pour ne pas dire inconditionnel) quel que soit sa politique (reconnue pourtant comme « imbécile » par Elie Barnavi lui même. Doux euphémisme à vrai dire). La défiguration morale de l’adversaire.
On va chercher à faire croire qu’à travers le refus du mot « terrorisme » il défendrait hypocritement la violence du Hamas (alors que d’une part que la notion de « crime de guerre » est aussi sinon plus efficace juridiquement parlant que celle de terrorisme, mais surtout que ce mot est utilisé à tort et à travers par tous les régimes cherchant à interdire la question pourtant évidente de la contribution de la violence qu’ils exercent à la violence qu’ils font naître en retour, même si elle ne se résume peut être pas à cela). Dans le même répertoire de culpabilisation morale, la fameuse phrase « est-ce que vous condamnez ? » alors qu’à vrai dire ceux qui la prononcent en boucle sont ceux qui ne condamnent pas dans les faits le terrorisme et le feront perdurer en refusant de le placer dans un contexte historique et chrono-logique plus large. Les palestiniens ne sont pas nés «animaux » et « sauvages ».
PS : Ce découpage en « techniques » est à vrai dire trompeur, car la plupart du temps toutes ces techniques (et d’autres, comme bien sûr la sur- représentation dans un débat des opinions qu’on veut majoritaires) sont pratiquées simultanément dans le même interview, et peuvent devenir un quasi passage à tabac quand l’opinion de l’interviewé est à l’opposé complet de l’opinion (bien peu implicite) du journaliste (on se rappelle du passage de Bourdieu dans arrêts sur images en 1995. Sa critique des médias est plus que jamais d’actualité) D’ailleurs la principale technique pour orienter l’opinion de l’auditeur vers la sienne est de tout simplement ne pas donner d’existence aux opinions trop divergentes avec celles qu’on veut imposer ( ou alors vite et mal dans des émissions marginales). Et cela quels que soient les arguments, les preuves historiques avancées et la rigueur logique du raisonnement de ces opinions dérangeantes. Qui a par exemple a entendu parler Pierre Stambull sur France inter, pourtant grand connaisseur (juif) du conflit entre palestiniens et israéliens ? Il a le tort de faire de la politique de son pays depuis cinquante cinq ans une des principales causes (pour ne pas dire la principale, et bien sûr on peut ne pas être d’accord ou nuancer cette opinion, mais pas l’interdire d’expression si on a vraiment l’esprit démocratique) de la montée de la violence au Proche Orient, une opinion interdite d’office en France actuellement et que le spectateur n’a d’office pas le droit d’entendre. D’ailleurs, Darmanin veut amagalmer ceux qui se permettent de penser ainsi avec ceux pratiquant le terrorisme, alors que justement, ces derniers cherchent à éliminer, si leur analyse est juste, un des moteurs principaux de celui-ci !