réflexion: Une dimension cachée du harcèlement scolaire ?
Une dimension cachée du harcèlement scolaire ?
On apprend que Gabriel Attal, incarnation presque pure d’une trajectoire scolaire et sociale bourgeoise sans mérites particuliers (mais qui ne manquera sans doutes pas de donner des leçons sur le « mérite » et la république de « l’égalité des chances ») aurait été victime dans sa scolarité d' « harcèlement scolaire ». D’autres part, qui a vécu sa scolarité dans l’éducation nationale française (c’est à dire tout le monde) a certainement remarqué qu’un profil particulier domine parmi les « grandes gueules » (masculines ou féminines) tentées ou cédant au « harcèlement scolaire ». La plupart du temps (il peut y avoir des exceptions, et on peut fouiller plus loin pour en savoir le pourquoi) la scène la plus courante oppose un harceleur en échec scolaire et dont la famille est souvent socialement dans une situation difficile, à un « fayot » lui en réussite scolaire et souvent originaire d’une famille plutôt classe moyenne ou supérieure (« rien qu’à voir sa tronche j’avais envie de le baffer »...). Cette dimension sociale du harcèlement scolaire la plus courante et la plus visible (et gageons que le fait de le dire provoquera la réponse éternelle de toutes les bourgeoisies qui veulent porter le regard ailleurs que sur le monde social qu’ils dominent et veulent inchangé) n’est souvent pas prise en compte par ceux qui prétendent lutter contre celui-ci à coup de « psychologie fine » (alors qu’en ignorant cette dimension essentielle, elle ignore peut être la chose la plus déterminante dans la cause des cas les plus fréquents). Ou bien entendu réaction encore pire dans l’aveuglement socio-logique (ou plutôt socio-illogique) , en se contentant d’une réaction de pure morale faisant comme si la violence du harceleur était un acte gratuit surgissant de nulle part (ce qui permet de s’assurer en retour et facilement une apparence de belle personne morale, alors qu’il est si facile d’être moral dans certaines conditions de tranquillité sociale qui ne sont pas donnés à tout le monde, comme la certitude de revenus suffisants,etc...).
Et du coup, les seules réponses qu’on veut apporter au problème reviennent à embaucher des psychologues dans les écoles (et ils se plaignent souvent d’un recours trop facile à eux) plutôt que de dispenser des moyens supplémentaires pour pallier très tôt à l’échec scolaire en engageant des professeurs supplémentaires. En agissant ainsi (c’est à dire en faisant des harceleurs en échec scolaires des cas psychologiques relevant de l’intervention d’un psy plutôt que d’un soutien scolaire intensif et productif ) l’école se prive (où on la prive par l’absence d’un vrai investissement dans la réussite scolaire) de ses moyens propres pour attaquer le problème par une de ses faces les plus coriaces et les plus évidentes . Un élève qui retrouve sa fierté de réussir comme les autres, et donc de ne pas se sentir comme le « dernier de la classe » (on sait que les élèves se classent eux même malgré les euphémismes portés par les professeurs dans leurs notations cherchant à ne pas blesser symboliquement ceux qui ne maîtrisent pas les compétences demandées) sera bien sûr bien moins tenté de tomber dans le harcèlement scolaire (et de faire de sa révolte négative un moyen de « briller » à sa façon, car très tôt il est question de ne pas tomber dans le vide social). On sait que l’école française a tendance à se débarrasser de l’échec scolaire en le psychologisant, c’est à dire en renonçant à agir sur les causes qui dépendent en partie d’elle.
Soignons l’échec scolaire très tôt et bâtissons derrière une société plus juste qui offrent (voilà une « politique de l’offre » dont on se garde bien de la promouvoir) des trajectoires de vies supportables (c’est aussi le cas pour agir sur les causes de la délinquance et des rixes dans les quartiers : cf les travaux impossibles à ignore de Marwan Mohamed sur la question qui mettent en évidence la variable massive la plus déterminante dans l’affaire à savoir l’échec scolaire).
S’il vous plaît : Moins de psy et plus de profs (mais moins portés sur la psychologie que sur la sociologie de Bourdieu, bien plus fine psychologiquement que bien des poncifs psychologiques ayant cour dans leur formation, des poncifs bien trop présents dans les cerveaux de beaucoup de profs. Des profs d’origine sociale souvent peu basses, et qu’on peut soupçonner de maintenir les privilèges de leur classe d’origine -et souvent d’arrivés par leur mariage et leur patrimoine- à travers la psychologisation outrancière des échecs scolaires. Il y a des profs très différents dans l’école française, mais visiblement, les lecteurs efficaces de Bourdieu ne dominent pas : souvenir d’avoir entendu une inspectrice dire il y a cinq ans « Bourdieu a fait beaucoup de mal à l’école ». rire jaune).