Quand France Inter encense un fonctionnaire de l'abrutissement mental
A quel stade de dégénérescence faut-il que France Inter soit tombée pour nous présenter Arthur comme un modèle de réussite sociale enviable (et accessoirement aussi le gouvernement français qui l'a décoré, alors que tant de gens aussi utiles que les soignants sont littéralement détruits par sa politique concrète de défiscalisation de gens aussi riches qu’Arthur) ?
On sait d’avance à quels fallacieux arguments on s’expose aujourd’hui à attaquer une telle idole, si nécessaire à la société macroniste française d’aujourd’hui qui, à l’heure où elle produit et légitime (à coup de pseudos experts économiques sur les plateaux télé) les inégalités sociales comme jamais (destruction des protections sociales, des retraites, des services publics, extra territorialité fiscale des ultra-riches, etc, etc.) , a tant besoin de diversions et de masques pour se faire passer pour l’ami des « petits » (et pourtant, qu’on ne nous fasse pas croire que payer correctement les soi disants « petits boulots » -qui tiennent la société debout quand tout s’écroule comme pendant le covid- est impossible : On apprend dans un reportage sur le Danemark diffusé mardi 17 ocotbre 2024 sur la cinq, qu’ un éboueur est payé 4000 euros pour 22 heures de travail par semaine. Comme le dit cet éboueur dans le reportage : « à boulot dur, salaire élevé, c’est normal »)
Pour disqualifier donc ceux qui osent attaquer cette forme de « réussite » symbolisé par Arthur et d’autres, tout va y passer :
Vous faites preuve de racisme social en dézinguant à la fois une forme de divertissement populaire , et aussi les animateurs de ces jeux qui construisent leur réussite sociale à travers ceux ci. Voire, vous ne voulez pas ouvrir les portes de la réussite sociale aux gens du peuple en acceptant comme seules légitimes des formes de réussite sociale où le capital culturel, quasiment monopolisé par les classes moyennes et supérieures, fait loi.
Pourtant à y regarrder de prêt, à quoi ce genre d’animateur, et ce genre de jeux « populaires » réussissent-ils sinon à :
Certes, distraire le prolo (ou le fonctionnaire des hopitaux ou le professeur des écoles, c’est pareil aujourd’hui dans bien des cas) tué au boulot par la montée en puissance des exigences des rentiers et des actionnaires (et accessoirement d’un état qui ne fait pas son boulot : voire parmi tant d’autres, l’exemple des crèches et des ephad).
Mais distraire et « vider la tête » (chose dont nous avons tous besoin à un moment ou un autre) doit-il se faire obligatoirement par des jeux favorisant :
1)le hasard statistique ?
On se souvient par exemple du jeu animé par Hanouna où l’on éliminait et on ouvrait des boîtes fermées dans lesquelles des sommes petites et grandes étaient inscritess en essayant de se diriger vers les plus grosses sommes , un « jeu » reposant entièrement fondé sur une nécessité statistique défavorable au joueur, et qui amenait tant de joueurs pauvres à croire s’en sortir par un coup du sort, et finissant en pleurs à la fin tant ils étaient « passé près » de la sortie de leur instabilité existencielle. Dans un autre genre aussi, on félicite souvent le gagnant au loto comme s’il y était pour quelque chose ! Faire croire que c’est le hasard qui fait les réussites est une des leçons implicites parmi les plus cultivées dans ces jeux dits « populaires ».
2) Une culture télévisuelle hyper exotique n’ayant aucune valeur en dehors des jeux ou des télé réalités dans lesquelles on espère faire fortune.
Il faut bien sûr passer des heures devant les télé réalités pour en devenir des quasi historiens pour répondre à certaines questions de « qui veut gagner des millions » par exemple. Ce qui en parallèle bien sûr, en terme de temps et d’énergie si bien dévorés aujourd’hui par le travail ,veut dire ne pas en passer à prendre du temps pour accroître la réflexion sur les causes de son malheur et accroître sa conscience sociale pour agir sur celui-ci (on peut rêver). Bourdieu disait les faits divers font diversion. Mais les « jeux » font aussi explicitement diversion (et c’est une de leur force à vrai dire, il s’en ventent parfois en prétendant offrir un moment de bonheur dans des vies difficiles, alors qu’ils travaillent la fuite de la conscience sociale des problèmes qui les assaillent).
3) Une accoutumance au bombardement publicitaire bien évidemment, car tous ces jeux vont avec des avants, pendant, et après séquences plublicitaires particulièrement longues et placées quand, comme disait très honnêtement l’autre, on a rendu le cerveau particulièrement disponible à celle-ci.
Etc, etc, et etc (on n’en finirait plus d’énumérer les préalabels idéologiques évitables de ces jeux qu’on essait de nous faire passer pour apolitiques) ..
Et pourtant, il existe des jeux qui vident la tête sans passer par ces préalables idéologiques implicites. On se vide la tête en regardant un match de foot (bien qu’il soit colonisé par la pub. Et c’est bien là le risque que ne veulent pas voir se produire les capitalistes : qu’on extrait de la sphère capitaliste la notion de jeu gratuit et de détente), un concours de danse, un match de tennis, etc...(il faudrait inventer des jeux populaires qui favorisent la conscience sociale : cf le jeu « capital » inventé avec les sociologues Pinçont Charlot, mais qu’il faudrait affiner)
Faire passer pour une réussite sociale un fonctionnaire ultra bien payé de l’abrutissement mental (à vrai dire, ils n’arrivent pas vraiment autant qu’ils le voudraient à cet abrutissement mental, à « ce temps de cerveau disponible ». Même l’ado le plus caricatural dans l’adhésion à ce genre de monde se pose parfois la question, surtout s’il se plante dans ses rêves, de l’irréalité de ce genre de monde) France Inter, qui devrait cultivé l’exact inverse de cette hagiographie mise en place par Léa Salamé (équivalente dans le journalisme à ce qu’est Arthur chez TF1?) en est là….
Et ne parlons même pas de l’admiration devant des prises de position toujours sans risque et dans le sens du vent du moment (l’antisémitisme de LFI, les minorités, etc....autant de prise de position hyper dangereuse et contre les pouvoirs politiques et médiatiques du moment, c’est évident).
France Inter, écoutez comme c’est rance.