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Publié par Goutelle Lionel


Début du message réexpédié :
 
lundi 19 juin 2006 (14h30) :
 A QUOI SERT SEGOLENE ROYAL ? par Raoul Marc JENNAR
 
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=29637

 A QUOI SERT SEGOLENE ROYAL ?

 par Raoul Marc JENNAR, chercheur altermondialiste

 Ma conception de la chose publique m’incline à penser que les projets 
sont plus importants que les personnes. Même si, ensuite, beaucoup 
dépend de celle ou de celui qui les porte. Une Rosa Luxembourg, un 
Jaurès, un Vandervelde ou, plus près de nous, un Olof Palme ou un 
Willy Brandt, à l’évidence, n’ont pas porté l’idéal socialiste de la 
même manière qu’un Blum, un Mitterrand ou un Spaak.

 Même si je suis convaincu que la démocratie est gravement menacée par 
la personnalisation du débat politique et que la présidentialisation 
des démocraties parlementaires est une dérive à combattre, même si le 
star système né de la médiatisation du débat politique tue le débat 
d’idées, il vient un moment où une personne s’identifie à un projet. 
Inévitablement, soutenir ou combattre ce projet amène alors à 
s’exprimer sur celle ou celui qui l’exprime. Comme je viens de 
dénoncer sa proximité de pensée avec le plus dangereux individu que la 
droite française ait produit depuis Vichy, Le Journal du Mardi a 
souhaité que je donne mon avis sur Ségolène Royal.

 Dans une France où, pour la première fois depuis Vichy, des policiers 
entrent dans les écoles primaires pour arrêter des enfants d’immigrés 
et les déporter, où, pour la première fois depuis Vichy, la loi incite 
à la délation, où, pour la première fois depuis Vichy, le candidat 
adulé de la droite annonce le recrutement de miliciens, l’alternative 
proposée par le « socialisme de gouvernement » est aujourd’hui 
incarnée par quelqu’un qui propose le recours à l’armée pour résoudre 
les drames provoqués par un capitalisme qui n’est plus remis en cause. 
Ainsi donc, si la gauche de gauche est incapable de s’unir et de 
renouer avec la victoire du 29 mai 2005, au deuxième tour des 
élections présidentielles en 2007, le peuple français sera enfermé 
dans un choix impossible entre l’ordre brun de Sarkozy et « l’ordre 
juste » (expression qu’elle a empruntée à un texte du pape Benoît XVI) 
de Royal.

 Issue de l’ENA, cette machine à formater les serviteurs de l’État 
minimum, Mme Royal n’a cessé de fréquenter, depuis 1988, les palais de 
la République. Pendant 6 ans au secrétariat général de l’Elysée, 
députée à l’Assemblée nationale, conseillère municipale de Niort, 
ministre de l’environnement, puis ministre déléguée à l’enseignement 
scolaire, puis ministre déléguée à la famille et à l’enfance, 
aujourd’hui elle cumule les mandats de députée et de présidente de la 
région Poitou-Charente. C’est déjà une vieille routière dans le 
personnel politique français. Et pourtant, les médias la présentent 
comme un facteur de renouvellement de la classe politique !

 Les médias ! Ces nouveaux faiseurs de rois, qui appartiennent, non 
plus à des patrons de presse, mais tantôt à des banquiers, tantôt à 
des marchands de canons ou de béton, ont trouvé en elle le moyen 
d’éviter tout risque lors des prochaines élections présidentielles : 
avec Sarkozy ou Royal, le patronat peut être tranquille. A gauche 
comme à droite, ses intérêts seront protégés. Et l’ordre règnera.

 Comme Anne Sinclair (Mme Strauss Khan), comme Christine Ockrent (Mme 
Kouchner), qui défendaient avec la même ardeur qu’elle le traité 
constitutionnel européen, Mme Royal appartient à cette grande 
bourgeoisie socialiste issue des années Mitterrand qui a tout renié du 
socialisme, sauf le vocabulaire. Et qui se prépare maintenant à 
franchir une nouvelle étape. A quoi sert Ségolène Royal ? A liquider 
le socialisme. Pour aller vers une sorte de bipartisme, sur le modèle 
américain, où il n’y aurait plus vraiment ni gauche, ni droite, parce 
que serait définitivement niée l’exploitation du plus grand nombre par 
une minorité.

 Alors qu’en France comme dans beaucoup de pays de la très libérale 
Union européenne, les souffrances sociales dépassent aujourd’hui le 
seuil du supportable, alors que le néolibéralisme produit toujours 
plus de précarité et augmente les inégalités, à l’instar du philosophe 
Jean-Claude Michéa, je ne me résigne pas à « voir sans rire le drapeau 
de la révolte tomber des mains de Rosa Luxemburg dans celles d’une 
Ségolène Royal. »

 URFIG :
http://www.urfig.org/francais.htm





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