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Publié par Goutelle Lionel

 (pour sa gentillesse déplacée lors du débat télévisé sur la crise financière à « mots croisés »)

Il faut l’avouer, vous connaissant mal, nous nous attendions au pire lorsque nous avons appris votre participation au débat télévisé « mots croisés »  consacré à la crise financière du lundi 6 octobre. Connaissant la rigueur des analyses d’A.T.T.A.C que vous représentiez ce soir là concernant le processus et les causes de la crise financière actuelle (et notamment les conséquences ravageuses aujourd’hui terriblement visibles des lois -mais aussi des non lois- que nous avons prises ces vingt cinq dernières années lors de nos successifs passages au gouvernement), nous nous attendions à un tout autre ton de votre part.
En effet n’aurait-il pas été logique et juste de nous attaquer bille en tête en déclarant d'entrée de jeu: « messieurs dames, la situation d’aujourd’hui et la violence très concrète qu’elle va engendré pour des millions de gens n’est pas tombée du ciel comme celà malgré vous: elle est le résultat concret, et surtout prévisible (relisez donc « fonds de pensions, piège à cons ? » de Lordon, et notamment le chapitre sur le chemin que pouvait suivre le krach d’aujourd’hui) de votre action, mais aussi de votre inaction politique. Vous êtes donc parmi les premiers responsables de cette catastrophe. Vous n’avez pas fait ce que vous pouviez faire en temps voulu pour éviter cela en libéralisant sciemment les marchés financiers. Et de plus vous ne pouvez pas arguer de la méconnaissance des conséquences  de vos  politiques. Les terribles expériences constituées par la crise de 1929 bien sûr, mais aussi et surtout (puisque ces crises là se sont  passées lorsque vous étiez déjà aux manettes du pays) le krach de 1986, la crise de 1998, ou encore il il a six ans la « bulle internet » , etc…étaient déjà là pour vous prévenir des inéluctables  et nocives conséquences  d’une « libéralisation » des marchés financiers sur laquelle vous auriez du sévèrement revenir tant qu’il en était encore temps.C’est donc bien en pleine connaissance de cause que vous avez persévéré dans cette direction meurtrière. Messieurs, vous avez du sang sur les mains et vous ne pouvez pas arguer de votre impuissance, puisque c’est vous qui avez impulsé cette direction des choses et surtout persévéré dans celle-ci malgré de terribles avertissements répétitifs…. ».

Dieu merci, vous nous avez joué une tout autre mélodie. Certes, vous avez bien dit que nous ne vivions là que les conséquences prévisibles de la direction libérale de la politique suivie depuis des décennies dans le monde, et qu’il fallait revenir dessus, mais à aucun moment vous n’avez mis  les gens en face de leurs responsabilités concrètes, avec un ton qui soit à la hauteur de leur comportement passé dont on ne voit pas très bien comment on pourrait le qualifier d’autre chose que de « meurtre social en connaissance de cause ».
Du coup, votre « sous réaction » humaine en direct nous a permis de jouer notre éternelle chanson : il s’agit d’un mécanisme mondial impersonnel sur lequel on a aucune prise et qui s’est passé malgré nous sur notre tête (comme si l’on n’avait pas pu interdire aux banques françaises et particulièrement celles de dépôts d’investir  sur des marchés de spéculation ! mon œil oui). Bref, reproduisant des mécanismes bien connus des  gens du monde de la finance, vous nous avez permis « d’externaliser nos  responsabilités » en quelque sorte , de les mettre « hors bilan » de la catastrophe. Nous imaginons la réaction du citoyen lambda pas assez informé surs ces choses. « Ils font ce qu’ils peuvent, mais ils sont emportés comme nous ces pauvres politiques ». Bref, vous nous avez re-légitimés en pleine crise à une heure ou normalement nous aurions dû fuir à l’étranger si les mots justice et responsabilité voulaient dire quelque chose dans ce pays. C’est ce genre de sous-réaction humaine inattendue de nos adversaires théoriques qui fait notre force à vrai dire, nous ne l’ignorons pas. Sachez que nous sommes bien conscient de la hauteur du service que vous nous avez rendu ainsi. Et cette gentillesse sera payée de retour un jour ou l’autre, promis. Affectueusement, qui vous savez.


 
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